Les chercheurs de l’Universidad Carlos III de Madrid (UC3M) et de l’université de Cadix (UCA) ont mené à bien une étude visant à comprendre et à résoudre le problème de l’exode rural. Les auteurs proposent une approche dans laquelle l’ensemble des politiques, réglementations et stratégies qui organisent le développement urbain et rural sont intégrées dans la conception des politiques locales de développement.
L’exode rural est un phénomène qui menace la durabilité de nombreuses communautés en Espagne et affecte à la fois le tissu socio-économique et l’équilibre environnemental du territoire. «La planification territoriale ne peut être partielle ni sectorielle, mais doit être stratégique, intégrale et exécutive», explique l’un des auteurs de l’étude, Juan Antonio Lobato Becerra, doctorant en droit à l’UC3M et auteur de l’étude aux côtés de María del Carmen Pérez González, de l’université de Cadix. «Seule une approche holistique, qui intègre les facteurs démographiques, économiques et urbains, permettra de concevoir et de mettre en œuvre des mesures efficaces», ajoute le chercheur.
Le renforcement du tissu commercial, l’amélioration des infrastructures, la promotion de la diversification économique, la conservation du patrimoine, le développement de manière durable des ressources naturelles, la promotion des services et du commerce, ainsi que la gestion de l’attraction de la population qui peut arriver dans certains territoires sont autant de circonstances qui, selon les auteurs, doivent être prises en compte dans la planification territoriale et urbaine pour lutter contre l’exode.
Les chercheurs ont identifié que les communes dotées de stratégies d’urbanisation mises à jour et bien structurées ont plus de chances de ralentir la perte de population et même de l’inverser. Par exemple, la croissance moyenne de la population dans les communes dotées d’une planification mise à jour a été de 10 %, contre un déclin de 18 % à 28 % dans celles qui n’en disposent pas. Cela renforce la nécessité pour la planification territoriale de jouer un rôle central dans les politiques de développement rural, en garantissant des solutions durables adaptées à chaque contexte local.
Pour dépasser les limites des plans traditionnels et évoluer vers des solutions durables ayant un impact réel sur les territoires concernés, l’étude détermine que les plans non contraignants doivent être convertis en instruments réglementaires, en plus d’encourager la participation structurée des acteurs en leur demandant d’évaluer périodiquement ces mesures afin d’ajuster les politiques.
Les conclusions reprises dans l’étude pourraient avoir un impact important sur la formulation des futures politiques publiques et également contribuer à améliorer la qualité de vie dans les zones rurales, à attirer de nouveaux habitants, à promouvoir l’activité économique et à prévenir la disparition des communes à forte valeur patrimoniale, culturelle et environnementale.
Une perspective holistique comme clé pour freiner l’exode
Pour mener à bien cette recherche, publiée dans le Journal of Urban Planning and Development, les auteurs ont abordé l’exode depuis une perspective intégrale, en analysant non seulement sa dimension démographique et économique, mais aussi l’impact de l’aménagement du territoire. « Cette approche multidisciplinaire permet non seulement de mieux comprendre le phénomène, mais fournit également des outils pratiques aux décideurs politiques pour concevoir des stratégies plus efficaces et souligne l’importance des politiques de développement territorial qui ne sont pas seulement stratégiques, mais également applicables et contraignantes, garantissant ainsi leur mise en œuvre réelle et efficace dans les territoires concernés », indique Juan Antonio Lobato.
L’auteur et sa collègue María del Carmen Pérez González, de l’université de Cadix, ont utilisé différentes méthodologies au cours de la recherche afin d’analyser l’exode depuis de multiples perspectives. «Nous avons combiné une analyse quantitative des données démographiques, économiques et territoriales avec une approche qualitative basée sur des études de cas», explique María del Carmen Pérez González, de l’UCA.
En outre, les chercheurs ont également utilisé l’Atlas numérique des zones urbaines, un outil créé par le ministère du Logement et de l’Agenda urbain auquel est rattaché le secrétariat général pour le défi démographique, grâce auquel ils ont pu visualiser les tendances démographiques, économiques et urbaines, obtenant ainsi un diagnostic plus précis des communes exposées au risque d’exode. De même, la mise à jour constante des données sur cette plateforme permet de suivre l’évolution du problème dans le temps, faisant de la recherche un instrument de diagnostic vivant.
Vidéo: https://youtu.be/4mPvrU55z6w